Une commune où les enfants réussissent à l'école
Comme les soins de santé ou le logement, l’enseignement est un droit fondamental, pas un privilège. C’est donc à la société de garantir un enseignement de qualité pour tout le monde. Ce n’est pas aux parents de stresser pour trouver des solutions pour leurs enfants. L’école doit être source de plaisir d’apprendre. Pas un ennemi pour les enfants et les parents. L’école doit être le lieu où chaque enfant a une place garantie, où il s'épanouit pour devenir l’adulte de demain.Nous devons changer l’école en profondeur. À commencer par la gratuité. Des bonnes écoles pour tous au coin de la rue. Des écoles où il fait bon vivre et apprendre. Des écoles « parents admis », où les parents et les élèves ont leur mot à dire. Des écoles qui aident les élèves à comprendre le monde pour mieux le transformer. Oui, c’est ambitieux, mais nous n’en attendons pas moins !
Ce que nous voulons
Un. Rendre l'école gratuite
- Nous voulons que la commune offre un kit de rentrée gratuit à tous les élèves des écoles communales primaires et secondaires. À terme, la commune doit rendre son enseignement maternel, primaire et secondaire entièrement gratuit.
- Nous décidons de ne plus autoriser les écoles à demander aux parents l’achat de matériel informatique. Nous mettons en place l’équipement collectif des écoles afin d’assurer concrètement et gratuitement l’accès de chaque élève à du matériel de qualité. Ainsi chaque élève peut réaliser ses travaux avec le meilleur équipement et le meilleur accompagnement possible.
- Nous ferons en sorte qu’un maximum d’activités extrascolaires (excursions, visites de musées, de fermes pédagogiques, sorties au cinéma) soient rendues obligatoires et gratuites. Actuellement, ce sont souvent les enseignants et les comités de parents qui organisent des activités pour financer certaines activités extrascolaires dans un souci de solidarité. Nous voulons que la commune s’engage plus dans ce domaine.
- La commune doit offrir une garderie scolaire gratuite avant et après les cours.
- Pas de « taxe tartine » : le temps de midi doit être gratuit pour tous.
- Nous voulons des repas chauds, sains et gratuits pour tous les enfants de l’école fondamentale. Nous commençons par des soupes gratuites grâce aux invendus sur les marchés et aux restaurants sociaux.
- Nous cessons l’envoi de huissiers en cas de retard de paiement de frais scolaires. Nous mettons en place un accompagnement des parents concernés.
Deux. Faire face au manque de places en rénovant et en créant de nouvelles écoles
- Nous voulons créer de nouvelles écoles pour faire face à la croissance démographique.
- Nous voulons remplacer les classes-containers, soit-disant temporaires, par de vrais bâtiments de qualité.
- Nous avons besoin d’une vision de long terme plutôt que des plans d’urgence sous-financés qui poussent les écoles existantes à avoir des classes surchargées d’élèves.
- La commune doit plaider pour qu’il y ait un plan ambitieux de construction et de rénovation des écoles au niveau de toute la région bruxelloise. Pas via des appels à projets, mais un plan contraignant pour toute la Région.
- Nous aménageons des espaces verts sur les sites des écoles pour améliorer le bien-être des élèves.
Trois. Faire réussir les jeunes grâce à des classes plus petites et à plus d'encadrement
- Nous voulons plus d’enseignants et des équipes pédagogiques élargies afin de mieux encadrer les élèves. Nous avons besoin d’enseignants, mais aussi de logopèdes et de psychologues pour remédier aux difficultés des élèves dès qu’elles se présentent.
- Nous voulons des classes plus petites, surtout au début de la scolarité : 15 élèves par classe pendant la maternelle et les deux premières années du primaire, 20 élèves par classe ensuite.
- Nous voulons créer à la commune de Schaerbeek un « pool » d’enseignants remplaçants. C’est une mesure qui permettra d’éviter que les élèves perdent de nombreuses heures de cours. Et cela garantira une sécurité d’emploi avec une année complète de salaire pour les professeurs remplaçants qui n’ont pas encore de place fixe ni d’horaire complet.
- Nous investissons dans du matériel moderne et basé sur les nouvelles technologies dans toutes les classes.
Quatre. Rendre les jeunes Schaerbeekois bilingues
- Nous voulons généraliser l’immersion linguistique dans les écoles schaerbeekoises. En tant que pouvoir organisateur, la commune doit montrer l’exemple. Elle peut aussi organiser l’échange de professeurs entre écoles francophones et néerlandophones.
- Nous préconisons l’enseignement en immersion par la méthode EMILE qui a largement fait ses preuves : dès la 3e maternelle, les enfants suivent certains cours généraux dans l’autre langue, en plus des cours de langue étrangère qui continuent à être donnés de manière classique. Le nombre d’heures données en immersion augmente progressivement jusqu’à la fin du cursus.
- Nous offrons des activités extrascolaires en français et/ou en néerlandais dans chaque école.
- Nous garantissons une place dans les classes-passerelles à tous les enfants de familles primo-arrivantes.
Cinq. Garantir une place à chaque enfant, dans une école proche du domicile
- Nous voulons mettre en place un système d’inscription qui garantisse à chaque jeune, dès la 1re primaire, une place dans une école à proximité de son domicile, un système qui garantisse aussi la mixité sociale dans toutes les écoles.
- Nous voulons que la commune applique ce système dès demain. Les critères d’attribution des écoles doivent être objectifs et transparents.
- Nous voulons une école inclusive et qui se donne les moyens. Il faut engager des "assistant·es de vie scolaire" qui permettront d'intégrer et de faire réussir les enfants à besoin spécifiques plutôt que de les orienter inadéquatement vers l’enseignement spécialisé. Pour les enfants porteurs de handicaps lourds, les moyens de l’enseignement spécialisé seront renforcés et l’intégration sera privilégiée.
Six. Une formation commune pour tous les jeunes jusqu'à 16 ans, afin de développer la tête, le coeur et les mains
- Nous voulons instaurer une formation commune pour tous les jeunes jusqu’à l’âge de 16 ans. Il n’est pas normal que très tôt dans leur scolarité, autant de jeunes soient jugés « inaptes », directement dirigés vers d’autres filières que le général et ne reçoivent donc plus une formation générale de base. Nous voulons que les jeunes puissent faire des choix conscients pour leur avenir.
- Cette formation commune doit développer la tête, le cœur et les mains. Tous les jeunes y apprendraient à maîtriser différentes disciplines : les arts, les techniques, les sciences naturelles et humaines, les langues, la philosophie, la culture, le sport, la cuisine saine, etc.
- Ce n’est qu’après 16 ans et après avoir tous atteint un même niveau que les jeunes choisiraient leurs options sur base de leurs goûts et qualités propres, et pas de leur origine sociale.
- Pour relever le défi de la formation commune polytechnique, nous voulons investir dans l’équipement et le matériel des écoles. Il faut aussi réorganiser et allonger les temps scolaires.
Sept. Élargir l'école, l'ouvrir sur le quartier et les familles
- Nous voulons que les bâtiments des écoles communales restent ouverts de manière continue lorsqu’il n’y a pas cours : pour des activités culturelles et sportives en soirée et le week-end. Nous voulons une école ouverte sur le quartier.
- Nous voulons que les écoles aient davantage les moyens d’offrir une médiation entre les familles et l’équipe éducative pour prévenir conflits et incompréhensions.
- Nous voulons que le personnel éducatif soit formé et ait le temps de travailler à l’inclusion d’un public socialement et culturellement divers.
- Nous voulons que les écoles aient les moyens d’utiliser des plateformes en ligne pour améliorer la communication avec les familles et améliorer le suivi des élèves, tout en garantissant une communication accessible à tous.
- Nous voulons que les parents participent aux projets éducatifs et qu’ils soient inclus dans le processus consultatif et décisionnel de l’école. Nous voulons que la commune de Schaerbeek aide à la création de Comités de parents dans toutes les écoles.
- Nous voulons une école représentative de sa population: nous supprimons des règlements d’ordre intérieur les mesures discriminatoires et sexistes sur l’apparence physique et les tenues vestimentaires.
Huit. Donner à l'école la mission d'oeuvrer pour l'intérêt général et pour une société réellement démocratique
- L’objectif principal de l’école ne doit plus être de former la main d’œuvre adaptée aux seules exigences du monde patronal. De même, l’entreprise n’a pas sa place à l’école.
- L’objectif de l’école doit être l’émancipation sociale et l’épanouissement personnel de tous les jeunes. L’esprit critique, la solidarité, le travail en équipe, le débat démocratique, la culture et la santé doivent être au centre des enseignements.
- Nous stimulons la participation des jeunes dans la vie de leur quartier et de la société par des projets citoyens. Nous les encourageons à participer à un Service Étude, tel qu’initié par l’association SOS Jeunes - Quartier Libre.
- Nous voulons des écoles où les jeunes apprennent à prendre part aux décisions. Des écoles qui ont les moyens de mener des projets citoyens et sensibilisent largement aux enjeux sociétaux.
Vision
Un. Rendre l'école gratuite
Nous voulons que l’enseignement obligatoire (maternel, primaire, secondaire) soit gratuit, comme le stipule d’ailleurs la Constitution. La rentrée est un moment difficile financièrement pour beaucoup de familles. C’est pourquoi nous proposons que toutes les écoles communales fournissent à chaque rentrée un kit de matériel pour l'année. Selon une étude de la Ligue des familles, moins de 10 % des parents de l’enseignement primaire et secondaire ont une rentrée qui ne leur coûte rien au niveau du matériel de cours (fardes, cahiers, bics, crayons, etc.). Et plus de 4 sur 10 dépensent plus de 50 euros par enfant pour ce petit matériel. C’est pourquoi nous proposons que toutes les écoles communales fournissent à chaque rentrée un kit de matériel pour l’année. C’est une première étape pour une gratuité totale de l’enseignement.
À côté du matériel de rentrée, les garderies viennent encore alourdir la facture. Les garderies sont payantes à la commune de Schaerbeek. Pour le PTB, les garderies devraient être entièrement gratuites. Sans cela, des parents sont obligés de venir chercher leur enfant sur le temps de midi, ou venir les chercher juste à la fin des cours. Impossible de trouver un travail dans ces conditions. Le PTB s’est également opposé à l’intervention d'huissiers de justice pour réclamer les frais de garderie impayés aux parents.
Au cours des dernières années, suite au blocage des salaires, les inondations, la pandémie, la guerre en Ukraine, les travailleurs et leurs familles ont dû faire face à des augmentations de prix sans précédent dans tous les domaines : énergie, carburants, alimentation, logement... Selon une étude de la Ligue des familles en octobre 2022, un tiers des Bruxellois vivent avec un revenu inférieur au seuil de pauvreté. Un enfant sur quatre est en risque de pauvreté. De plus en plus de parents ne savent plus payer les frais scolaires ou le repas chaud à midi. Les histoires de boites à tartines vides font froid dans le dos. Nous pourrions pourtant résoudre cela avec des repas scolaires sains et abordables pour tous. Les élèves pourraient participer à la préparation des menus, dans le cadre de leurs cours, comme cela se fait dans d’autres pays. Ils apprendraient à cuisiner sainement et participeraient à l’échange entre les différentes cultures alimentaires. Cela créerait du lien entre eux et avec l’équipe éducative.
Deux. Faire face au manque de places en rénovant et en créant de nouvelles écoles
Trouver une place dans une école proche de son domicile est un véritable parcours du combattant à Bruxelles. Car les écoles sont saturées depuis des années. Rien que dans le secondaire, on prévoit qu’il manquera 17 000 places d’ici 2050. Le gouvernement bruxellois lance chaque année un « appel à projet » pour voir si certaines communes ou réseaux veulent bien créer des places. Certains y répondent volontiers, mais les moyens sont trop limités.
En réalité, plutôt que de créer de nouvelles écoles publiques et de qualité pour répondre aux besoins, le nombre d’élèves dans les écoles existantes augmente artificiellement. Des locaux sont coupés en deux et les espaces communs sont rognés comme les cours de récréation ou les bibliothèques. Ces dernières années, une classe sur cinq créées dans le fondamental était du préfabriqué ! Résultat : plus assez de places pour les élèves à la cantine, plus assez de laboratoires ou de salles de sport, plus assez de toilettes. Et trop souvent dans les faits, le nombre d’élèves par classe explose. Les conséquences sont dramatiques pour la sécurité et le bien-être des élèves. Mais aussi pour la qualité de l’enseignement, qui devient de plus en plus inégalitaire.
Pour le PTB, il est grand temps d’avoir une politique de long terme. Nous devons d’abord créer suffisamment d’écoles pour faire face à la croissance démographique. Il est tout à fait possible de construire, de rénover et de réhabiliter les nombreux bâtiments et bureaux vides dans la région. Le ministre Frédéric Daerden (PS) a bien annoncé un milliard d'investissement pour rénover les bâtiments scolaires, mais il en faudrait huit ou neuf pour tout remettre en état. Nous investissons les moyens nécessaires pour rénover toutes les écoles de la Région bruxelloise dans les délais les plus courts afin de garantir les meilleures conditions d'apprentissage.
Ensuite nous devrons réparer les dégâts provoqués par des années de politiques irresponsables de surpopulation des écoles. Aujourd’hui, les pouvoirs communaux n’ont clairement pas cette ambition. Trop souvent, des projets de construction d’écoles sont abandonnés, pour plaire aux promoteurs immobiliers. Pour eux, construire du logement, et surtout du logement de luxe, est bien sûr plus lucratif. Avec le PTB, nous voulons un plan ambitieux de construction de nouvelles écoles.
Trois. Faire réussir tous les jeunes grâce à des classes plus petites et à plus d'encadrement
À Bruxelles, six jeunes sur dix redoublent au moins une fois. Ce système de l’échec montre que l’enseignement est inadapté. Un jeune sur cinq finit par « décrocher » et quitte l’école sans diplôme de secondaire ni aucune formation. C’est un signe alarmant de détresse psychologique et sociale.
Pour lutter contre l’échec et les réorientations précoces, il ne suffit pas d’interdire le redoublement. Il ne suffit pas non plus d’imposer un tronc commun sans mettre les moyens nécessaires pour les remédiations, l’encadrement et la réduction du nombre d’élèves par classe. C’est pourtant ce que s’apprêtent à faire nos ministres, notamment avec leur« pacte d’excellence ». Ils risquent de provoquer encore plus d’échecs et d’inégalités.
Comme dans les autres pays où le tronc commun fonctionne, il faut des professeurs spécialisés et des logopèdes qui remédient aux problèmes des enfants directement et de manière ciblée. Ces enseignants interviennent en classe et après les cours dès que c’est nécessaire. Les équipes pédagogiques se réunissent toutes les semaines, pendant les heures de travail prévues pour mettre en place une stratégie personnalisée et efficace, qui répond aux besoins de l’élève.
Il faut aussi réduire le nombre d’élèves par classe. L’étude américaine STAR a comparé les résultats de deux types d’élèves : des élèves entre six et dix ans qui étaient au nombre de 13 à 15 en classe, et des élèves du même âge qui étaient au nombre de 22 à 25 en classe. Résultat : les jeunes issus des petites classes ont fini avec plus d’un an d’avance en termes d’acquis d’apprentissage et ont obtenu de bien meilleurs résultats dans l’enseignement supérieur. C’est surtout les résultats des jeunes issus des familles défavorisées qui ont considérablement été améliorés dans les petites classes. Le PTB veut limiter le nombre d’élèves par classe au nombre de 15 environ en maternelle et pendant les deux premières années du primaire, et au nombre de 20 pendant les années suivantes.
Dans certains pays qui ont fait des choix ambitieux pour l’enseignement, on parvient même à intégrer au sein des classes communes des élèves qui sont considérés ici comme handicapés et qui sont envoyés directement dans le spécialisé… Un enseignement émancipateur et inclusif est possible et ouvre des perspectives incroyables.
Ces mesures requièrent plus d’enseignants. Or, les conditions actuelles sont tellement pénibles que près de la moitié des professeurs changent de métier durant les cinq premières années. Un énorme gâchis. Principalement à cause du manque de soutien et de la précarité de leur statut. Nous voulons organiser un « pool de remplacement » constitué de travailleurs qui ont un diplôme d’enseignant et qui, plutôt que d’être mis au chômage lorsqu’ils n’ont pas de poste fixe, auraient droit à un salaire complet pendant douze mois. Les enseignants de ce pool remplaceront les collègues absents et assureront des tâches pédagogiques (remédiation, assistant, recherche, etc.) au sein d’une école d’ancrage le reste du temps. Un système de pool de remplacement efficace permettra de limiter considérablement le nombre d’heures perdues par les élèves (parfois dramatiquement élevé), tout en assurant une sécurité d’emploi. C’est également une aide pour les directions lors de la recherche de remplaçants : plus grande assurance de trouver un remplaçant, moins de stress, etc.
Quatre. Rendre les jeunes Schaerbeekois bilingues
La région bruxelloise est officiellement bilingue et la maîtrise du français et du néerlandais est très souvent un critère de sélection pour trouver un emploi. Être bilingue, surtout quand on manque de qualification, est un réel atout. Mais la maîtrise des langues, comme c’est le cas pour les autres matières scolaires, reste très marquée par les inégalités sociales. Si bien que le critère du bilinguisme est un autre facteur de ségrégation. Poser les jalons d’une ville vraiment bilingue par l’enseignement, c’est tout à fait faisable, comme le montrent les exemples dans d’autres pays (Luxembourg, Espagne, Canada, etc.). C’est un choix politique pour l’unité et la multiculturalité. Mais seule une poignée d’écoles proposent un enseignement en immersion à Bruxelles. Des classes d’immersion ne peuvent pas devenir des projets de prestige, ou destinées à se « démarquer » sur un« marché scolaire » : elles doivent être généralisées.
Mais le bilinguisme de la population, c’est aussi le meilleur rempart contre cette espèce « d’apartheid linguistique » institutionnalisé, au niveau de la culture, du sport, de la jeunesse, de l’emploi, de l’éducation, etc. C’est un ingrédient de l’unité entre les différentes populations linguistiques du pays, un pays que la classe dirigeante et politique, NVA en tête, fait tout pour diviser sur une base communautaire, afin de détourner l’attention de la population des vrais enjeux qui se cachent derrière les politiques d’austérité et de régionalisation. Se parler, se comprendre, partager et échanger nous permettent de prendre conscience de tout ce qui nous unit.
Les enfants bruxellois grandissent dans un contexte multilingue. À 12 ans, souvent ils comprennent deux voire trois langues. À Bruxelles, capitale internationale, le multilinguisme est un atout, pour les relations internationales, pour le commerce, pour la solidarité internationale. Plusieurs experts l’ont démontré : la langue maternelle n'est pas un ennemi ; au contraire, le respect de cette langue améliore les apprentissages. Un regard ouvert, accueillant et valorisant sur un enfant, sur sa famille, et sur sa culture, va lui permettre de se sentir en confiance et de communiquer plus facilement, ce qui aura pour effet de faciliter l'apprentissage linguistique et social.
Bruxelles est aussi une ville d’accueil. Des enfants venant avec leur famille des quatre coins du monde sont accueillis dans nos écoles. Il est important de garantir une place dans les classes-passerelles à tous les enfants de familles primo-arrivantes. Toutes les études montrent qu’il est crucial d’investir plus dans l’apprentissage du français et du néerlandais dans les premières années de maternelle et primaire.
Cinq. Garantir une place à chaque enfant, dans une école de qualité proche du domicile
Les parents doivent se battre pour trouver une « bonne » école pour leur enfant. Ils sont mis en concurrence alors qu’ils veulent simplement garantir un maximum de chances pour leur enfant. Car avec tous les réseaux et les options, l’enseignement est organisé comme un grand marché. À Bruxelles encore plus que partout ailleurs, les mécanismes de l’offre et de la demande produisent des écoles où règne un « entre-soi social » encore plus grand que celui du quartier. D’un côté, il y a les écoles très demandées : le niveau d’enseignement y est élevé, les exigences sont grandes et sont calquées sur le modèle de l’université. Ce sont les familles les mieux outillées au départ qui auront le plus de chance d’arriver à y inscrire leurs enfants, et surtout à les y maintenir. De l’autre côté, il y a les écoles de « mauvaise réputation » où le niveau d’enseignement est plus bas, où les problèmes de disciplines sont fréquents et qui accueillent un public plus défavorisé.
Pour poser les bases de la réussite et du vivre-ensemble, il faut en finir avec la ségrégation sociale opérée par le marché. Il faut organiser la mixité. Les études sur les différents systèmes d’enseignement le montrent : plus les écoles et les classes sont mixtes, meilleurs sont les résultats, pour tous les publics. Les responsables politiques ont d’ailleurs reconnu cette nécessité dans le fameux « décret inscription ». Mais ils ont refusé d’aller jusqu’au bout des réformes et de s’attaquer réellement au marché scolaire. Le décret actuel est illisible pour beaucoup de parents. Il n’intervient qu’après que les demandes d’inscription ont dépassé l’offre d’un établissement. Et il ne concerne que les inscriptions en première secondaire (alors que les inégalités se sont déjà creusées en primaire. À la place de ce système totalement inefficace, compliqué et stressant, nous voulons mettre en œuvre un système qui garantit à chaque élève une place dès la première primaire. Un système qui minimise la distance entre le domicile et l’école, tout en assurant une répartition socio-économique similaire dans chaque établissement. Les parents auraient le choix de refuser la place garantie qui leur est proposée et devraient alors trouver eux-mêmes une autre école. Les chercheurs de l’APED et du GIRSEF ont démontré qu’un tel système est tout à fait réaliste : la longueur moyenne des trajets diminuerait de 30 % et les établissements non mixtes disparaîtraient ! Finis le stress, l’incertitude de la rentrée et la loterie de l’avenir des enfants. Finies aussi les traversées métro-tram-bus ou en voiture éprouvantes en heure de pointe.
Six. Instaurer une formation polytechnique commune pour tous les jeunes jusqu'à l'âge 16 ans, afin de développer la tête, le coeur et les mains et de lutter contre la reproduction des inégalités
C’est en Belgique que les inégalités sociales à l’école sont les plus importantes de tous les pays industrialisés. Ce terrible constat est valable tant en termes de résultats des élèves que de redoublement et de réorientations forcées. Quand on compare la situation des jeunes issus des 10 % des familles les plus pauvres avec celle des jeunes venant des 10 % des familles les plus riches, on constate que : les plus pauvres ont 29 fois plus de probabilité d’être orientés dans la filière professionnelle, qu’ils sont trois fois plus nombreux à redoubler et qu’ils sont presque quatre fois plus nombreux dans l’enseignement spécialisé… Notre enseignement renforce les inégalités sociales. À cause du marché scolaire et des différentes filières ou options (qui interviennent très tôt dans le système scolaire belge), les jeunes sont classés et triés. Ce tri oriente leur futur : ouvriers, employés, intellectuels, cadres, dirigeants, etc. Mais ce tri recoupe en grande partie leur origine : enfants d’ouvriers, ils finiront ouvriers. Cette sélection est justifiée par un discours du mérite, du talent et de la responsabilité individuelle. En réalité, pour la grande majorité des jeunes, les chiffres montrent que l’avenir est déjà scellé à la naissance.
Pour le PTB, la fonction prioritaire de l’enseignement doit être l’émancipation. Il faut en finir avec ce système des orientations précoces qui dirigent trop vite les jeunes issus des familles moins favorisées dans les filières non générales et les écoles non mixtes. Tout le monde a droit à un enseignement de base avant de s’orienter. Tout le monde a le droit de maîtriser des savoirs et des pratiques de base, pas seulement « l’élite ». Il n’est pas acceptable qu’autant de jeunes soient jugés « inaptes » et ne reçoivent plus une formation générale de qualité : comment peuvent-ils participer au débat démocratique sans cela ?
Nous voulons sortir de la « culture de l’échec » pour développer une « école de la réussite ». Heureusement, les exemples d’autres pays, comme la Finlande, montrent qu’il est possible d’instaurer un enseignement beaucoup plus égalitaire. Un enseignement qui est aussi plus performant pour tous les types d’élèves, comme le montrent les classements internationaux. Depuis les années 80, les Finlandais sont parvenus à stopper l’échec, à rendre les écoles égales en termes de qualité et à garantir à tous les jeunes un même niveau d’apprentissage jusqu’à 16 ans ! Le tout sans dépenser plus d’argent que nous pour l’enseignement. Ça laisse rêveur…
Parmi les ingrédients fondamentaux de cette réussite figure l’instauration d’une formation commune pour tous les jeunes jusqu'à 16 ans. Nous voulons appliquer ce système où tous les jeunes apprendraient les arts, les techniques, les sciences naturelles et humaines, les langues, la philosophie, l’histoire, l’économie, la culture, le sport et la cuisine saine, sans distinction d’origine ou de genre. Un enseignement qui développe autant la tête que le cœur et les mains. Ce n’est qu’après avoir approfondi différentes expériences que les jeunes choisiraient une orientation pour s’épanouir, en fonction de leurs qualités et goûts propres. La formation polytechnique donne les bases de la compréhension du monde dans sa globalité. Elle donne des outils nécessaires pour l’émancipation de chacun dans la société et la participation de tous à la vie démocratique.
Sept .Élargir l'école, l'ouvrir sur le quartier et les familles
« Il faut tout un village pour élever un enfant » : le concept d’« école élargie » s’inscrit très bien dans le cadre de ce proverbe africain. Une école élargie est enracinée dans le quartier et le quartier est enraciné dans l’école. Autour de l’école se développe toute une vie sociale, dès le moment où les enfants franchissent la porte d’entrée jusqu’au moment où l’un des parents, le soir, vient participer à une activité culturelle ou sportive. Nous voulons des écoles à taille humaine, qui soient ouvertes sur leur quartier, qui participent au tissu associatif local, où les jeunes, les parents et les voisins prennent part aux décisions et aux projets, où ils sont accueillis aussi en dehors des temps d’apprentissage scolaire.
Les familles ont tout à fait leur place dans les projets scolaires. Créons les bonnes conditions pour qu’à l’école, les jeunes se sentent comme chez eux. Mais la participation réelle des parents, dans leur diversité, est un défi à relever. Trop souvent, on se borne à organiser trois réunions de parents annuelles, des réunions austères et formelles qui n’encouragent pas l’accueil et la collaboration de tous les publics. Il existe également un« conseil de participation » qui se réunit deux fois par an et où siègent des « représentants des parents ». Dans certaines écoles, des parents s’organisent déjà en associations pour mener à bien toutes sortes de projets très positifs. Plus de moyens et de priorités doivent être donnés à la démocratie à l’école et au partenariat entre parents, éducateurs et enseignants. Une des réponses à l’épidémie d’échecs et de décrochages scolaires doit être une école plus inclusive, plus ouverte et plus participative.
Nous avons tous intérêt à ce que les parents et les écoles travaillent main dans la main pour l’éducation des jeunes. Mais souvent les parents ne se sentent pas inclus, malgré les efforts fournis par les équipes pédagogiques. La langue de l’école et tous ses codes ne sont pas toujours ceux des familles. Surtout pour les familles défavorisées ou d’origine immigrée. Cela peut mener à des incompréhensions, voire à des tensions. Il arrive aussi qu’il y ait confit et mépris. Nous voulons que les écoles aient les moyens d’offrir des médiateurs entre les différents acteurs. Nous voulons aussi que le personnel éducatif soit formé à l’inclusion d’un public socialement et culturellement divers.
Nous devons aussi développer des moyens de communication plus modernes et adaptés. Par exemple, beaucoup d’écoles néerlandophones ont mis en place des applications en ligne qui permettent de transmettre directement aux parents les notes, remarques et informations concernant leurs enfants. Ce genre d’expériences produit des résultats très positifs en termes de communication et de suivi. Pour le PTB, il faut donner aux écoles les moyens de généraliser ces systèmes.
Huit. Donner à l'école la mission d'oeuvrer pour l'intérêt général et pour une société réellement démocratique
Nous devons également résister aux pressions continuelles du monde patronal qui entend façonner l’enseignement sur base de ses propres intérêts. L’intérêt du patronat n’est pas de former des citoyens critiques et conscients des enjeux sociaux. Son intérêt est de disposer d’une main d’œuvre docile et adaptée. Il profite d’une situation de chômage de masse pour essayer de faire payer à la collectivité les coûts de la formation professionnelle qui devraient normalement lui incomber. C’est pour répondre aux demandes du patronat que le monde politique traditionnel déploie tant d’efforts pour organiser « l’enseignement en alternance » ou pour promouvoir les « stages en entreprise » dans de nombreuses filières qualifiantes, voire même générales. Le fameux « pacte d’excellence » assume totalement la volonté politique de remodeler l’enseignement en fonction des besoins actualisés du monde de l’entreprise. Dans une situation où on ne crée pas d’emplois pour tout le monde, la politique de la course à la formation professionnelle imposée par les pouvoirs publics a surtout pour effet d’augmenter la concurrence entre tous les travailleurs, au seul bénéfice des entreprises qui peuvent se montrer toujours plus exigeantes, tout en baissant les salaires. La Commission Européenne et l’OCDE poussent d’ailleurs dans la même direction : « il faut apprendre aux jeunes des compétences directement applicables dans le monde de l’entreprise », « il faut former une main d’œuvre adaptable », « les programmes scolaires ne doivent pas être conçus comme si tout le monde devait aller jusqu’au bout », et « l’enseignement apporte une formation bien trop importante pour 40 à 50 % de ceux qui en bénéficient ».
Pour nous, les jeunes ne sont pas seulement de la main d’œuvre en croissance ! Ils sont avant tout l’avenir d’une société qu’on veut démocratique. C’est pourquoi ils ont besoin d’une solide formation tant générale que manuelle, qui développe l’esprit critique et le sens de la citoyenneté, sans distinction d’origine sociale. Nous avons besoin d’un enseignement pour la tête, les mains et le cœur. Un enseignement basé sur la coopération, la solidarité et l’internationalisme, qui engage les jeunes dans les enjeux sociétaux et les rend actifs à travers leurs apprentissages. Des écoles qui éveillent les jeunes à la santé, aux sports, à la culture, au débat démocratique, à travers des projets citoyens qui sensibilisent largement. Des écoles par exemple qui favorisent l’organisation par les élèves de « cercles engagés». Des écoles où les jeunes apprennent à prendre part aux décisions. Nous voulons aussi encourager les jeunes à participer à un Service Étude, tel qu’initié par l’association SOS Jeunes - Quartier Libre. Le Service Étude leur donne l’occasion d’effectuer quelques heures de bénévolat pour développer leur sens citoyen et de l’engagement tout en apprenant sur la réalité sociale qui les entoure.
Notre projet est très ambitieux. Beaucoup des problèmes actuels peuvent se résoudre en changeant la manière d’organiser l’enseignement. Mais l’école dont nous avons besoin pour répondre à nos défis collectifs demande un réel investissement structurel. Nous devons nous battre pour rompre avec un système qui, depuis les années 80, a désinvesti la part du PIB dans l’enseignement. Un système qui, plutôt que de redistribuer les richesses que nous produisons tous, les concentre dans les mains d’une minorité et nous empêche de répondre à nos besoins d’intérêt général. Dans la société capitaliste, l’école restera toujours une école qui fonctionne pour les plus riches, et qui ne fonctionne pas pour les travailleurs. Mais grâce à l’école pour laquelle nous voulons nous battre, nous pouvons aussi mettre en place les conditions pour notre émancipation.